Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/447

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renne, la confabulation fut bien plus longue ; je dis confabulation, parce qu’il n’y avoit rien de plus ridicule que de voir un petit Basque, homme de rien, entreprendre de persuader à deux des plus grands hommes du monde de faire la plus signalée de toutes les sottises, qui étoit de se déclarer pour la cour, avant que d’y avoir pris aucunes mesures. Ils ne le crurent pas ; ils en prirent de bonnes bientôt après. On promit à M. de Turenne le commandement des armées, et l’on assura à M. de Bouillon la récompense immense qu’il a tirée depuis pour Sedan. Ils eurent la bonté pour moi de me confier leurs accommodemens, quoique je fusse de parti contraire ; et il se rencontra par l’événement que cette confiance leur valut leur liberté.

Monsieur, qui fut averti qu’ils alloient servir le Roi, et qu’ils devoient sortir de Paris à tel jour et à telle heure, me dit, comme je revenois de leur dire adieu, qu’il les falloit arrêter, et qu’il en alloit donner l’ordre au vicomte d’Autel, capitaine de ses gardes. Jugez, je vous supplie, en quel embarras je me trouvai, en faisant réflexion d’un côté sur le juste sujet que l’on auroit de croire que j’avois trahi le secret de mes amis, et de l’autre sur le moyen dont je me pourrois servir pour empêcher Monsieur d’exécuter ce qu’il venoit de résoudre ! Je combattis d’abord la vérité de l’avis qu’on lui avoit donné ; je lui représentai les inconvéniens d’offenser sur des soupçons des gens de cette qualité et de ce mérite ; et comme je vis qu’il croyoit son avis très-sûr, comme il l’étoit en effet, et qu’il persistoit dans son dessein, je changeai de ton, et je ne songeai plus qu’à gagner du temps, pour leur don-