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[1649] MÉMOIRES

part ce que je lui devois, de lui demander avec respect le sujet de sa colère, et de l’assurer qu’il n’en pouvoit avoir aucun qui fut fondé à mon égard. Laibues revint, très-persuadé qu’il n’y avoit point eu de colère effective qu’elle étoit toute affectée et contrefaite, à dessein d’avoir une manière d’éclaircissement qui fit ou qui fit paroître un raccommodement ; et ce qui lui donna cette pensée fut qu’aussitôt qu’il eut fait son compliment à M. le prince de Conti, il fut reçu avec joie ; et remis pourtant pour la réponse à madame de Longueville, comme à la principale intéressée. Elle fit beaucoup d’honnêtetés à Laigues pour moi, et le pria de me mener le soir chez elle. Elle me reçut admirablement, en disant toutefois qu’elle avoit de grands sujets de se plaindre de moi, et que c’étoient de ces choses qui ne se disoient point mais que je les savois bien. Voilà tout ce que j’en pus tirer pour le fond car j’en eus toutes les honnêtetés possibles, et toutes les avances, même pour rentrer en union avec moi, disoit-elle et avec mes amis. En disant cette dernière parole, elle me donna sur le visage d’un de ses gants, et elle me dit en sortant « M’entendez-vous bien ? » Elle avoit raison et voici ce que j’en dis. M. de La Rochefoucauld avoit beaucoup négocié avec la cour ; mais comme il n’y avoit pas d’assurance aux paroles du cardinal Mazarin, il crut qu’il ne seroit pas mal à propos de le solliciter, ou de le fixer par un renouvellement de considération à M. le prince de Conti, à qui M. le prince en donnoit peu, et parce que l’on savoit qu’il le méprisoit, et parce qu’il paroissoit en toutes choses que leur réconciliation n’étoit pas sincère. Il eût souhaité