Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/450

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La Rochefoucauld lui avoit commandé de m’enlever, et de me mener à Damvilliers ; qu’il avoit pris pour cet effet soixante hommes choisis de la garnison de cette place ; qu’il les avoit fait entrer dans Paris séparément ; que lui et Gourville ayant remarqué que je revenois tous les jours de l’hôtel de Chevreuse entre minuit et une heure, avec dix ou douze gentilshommes seulement en deux carrosses, avoient posté leurs gens sous la voûte de l’arcade qui est vis-à-vis du pont Bourbon ; que comme ils avoient vu que je n’avois pas pris le chemin du quai un tel jour, ils m’étoient allés attendre le lendemain auprès des Blancs-Manteaux, où ils n’avoient encore manqué, parce que celui qui étoit en garde à la porte du logis de madame de Pommereux, pour observer quand j’en sortirois, s’étoit amusé à boire dans un cabaret prochain. Voilà la déposition de La Roche-Courbon, dont le lieutenant criminel fit voir l’original à Monsieur en ma présence. Vous croyez aisément qu’il ne m’eût pas été difficile, après un aveu de cette nature, de le faire rouer ; et que s’il eût été appliqué à la question, il eût peut-être confessé quelque chose de plus que le dessein de l’enlèvement. Le comte de Pas, frère de M. de Feuquières, et de celui qui porte aujourd’hui le même nom, à qui j’avois une obligation considérable, vint me conjurer de lui donner la vie, et je la lui accordai. J’obligeai Monsieur de commander au lieutenant criminel de cesser la procédure ; et comme il me disoit qu’il la falloit au moins pousser jusqu’à la question pour en tirer au moins la vérité tout entière, je lui répondis en présence de tout ce qui étoit dans le cabinet du Luxembourg : « Il est si beau, si