Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/460

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fait et faisoit avec les Espagnols ; et que pour cette raison, et celles des négociations fréquentes et suspectes de tous ceux de son parti, il n’y vouloit avoir aucune communication que celle que l’honnêteté requéroit à l’égard d’un prince de son mérite. Voilà ce que je proposai à Monsieur, et que j’appuyai de toutes les raisons qui lui pouvoient faire voir la possibilité de la pratique, de laquelle je suis encore très-persuadé. Je lui exagérai tous les inconvéniens de la conduite contraire ; et je lui prédis tout ce qu’il vit depuis de celle du parlement, qui, au moment qu’il donnoit des arrêts contre le cardinal, déclaroit criminels de lèse-majesté ceux qui s’opposeraient à son retour.

Monsieur demeura ferme dans sa résolution, soit qu’il craignît, comme il disoit, l’union des grandes villes, qui pouvoit, à la vérité, devenir dangereuse à l’État ; soit qu’il appréhendât que M. le prince ne se raccommodât avec la cour contre lui : à quoi toutefois je lui avois marqué plus d’un remède. Ce qui me parut, c’est que le fardeau étoit trop pesant pour lui. Il est vrai qu’il étoit au dessus de sa portée, et que par cette raison j’eus tort de l’en presser. Il est vrai de plus que l’union des grandes villes, en l’humeur, où elles étoient, pouvoit avoir de grandes suites. J’en eus scrupule, parce que, dans la vérité, j’ai toujours appréhendé ce qui pouvoit effectivement faire du mal à l’État ; et Caumartin ne put jamais être de cet avis par cette considération. Ce qui m’y emporta, si je l’ose dire, et contre mes manières et contre mes inclinations, fut la confusion où nous allions tomber en prenant l’autre chemin, et le ridicule