Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/465

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Monsieur m’en parla le soir, et me dit qu’il étoit résolu de faire agir le peuple, pour éveiller le parlement et je lui répondis ces propres paroles : « Le parlement, monsieur, ne s’éveillera que trop en paroles contre le cardinal : mais il s’endormira trop en effet. Considérez s’il vous plaît, ajoutai-je, que quand M. de Croissy a parlé, il étoit midi sonné, et que tout le monde vouloit dîner. » Monsieur ne prit que pour une raillerie ce que je lui disois tout de bon, et comme je le pensois ; et il commanda à Ornano, maître de sa garde-robe, de faire faire une manière d’émotion par Le Maillard, duquel je vous ai parlé dans le second volume de cet ouvrage. Ce misérable mena, pour mieux couvrir son jeu, vingt ou trente gueux criailler chez Monsieur ; ils allèrent de là chez M. le premier président, qui leur fit ouvrir sa porte, et les menaça avec son intrépidité ordinaire de les faire pendre.

On donna, le 7, arrêt en pleine assemblée des chambres pour empêcher à l’avenir ces insolences : mais on ne laissa pas de faire réflexion sur la nécessité de lever les prétextes qui y donnoient lieu ; et l’on s’assembla, le 9, pour délibérer touchant les bruits qui couroient du retour prochain de M. le cardinal. Monsieur ayant dit qu’il n’étoit que trop vrai, le premier président essaya d’éluder par la proposition qu’il fit de mander les gens du Roi et de faire lire les informations qui, suivant les arrêts précédens, devoient avoir été faites contre le cardinal. M. Talon représenta qu’il ne s’agissoit point de ces informations ; que le cardinal ayant été condamné par une déclaration du Roi, il ne falloit point chercher