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[1649] MÉMOIRES

prendre des avantages desquels on ne seroit pas convenu que M. de Fuensaldagne étoit un homme net, de qui dans le fond il n’y avoit rien à craindre. La conclusion étoit que le gros de l’armée d’Espagne seroit tel jour à Vadoncourt, l’avant-garde tel jour à Pont-à-Verre ; qu’elle y séjourneroit quelques autres jours, après lesquels M. l’archiduc faisoit état de se venir poster à Dammartin ; que le comte de Fuensaldagne leur avoit donné des raisons si solides pour cette marche, qu’ils ne s’étoient pas pu défendre d’y donner les mains, et même de l’approuver ; qu’il les avoit priés de m’en donner part en mon particulier, et de m’assurer qu’il ne feroit rien que de concert avec moi. Il n’étoit plus heure de se coucher quand j’eus déchiffré cette lettre ; mais quand j’eusse été dans le lit, je n’y aurois pas reposé dans la cruelle agitation qu’elle me donna, et qui étoit aigrie par toutes les circonstances qui la pouvoient envenimer. Je voyois le parlement plus éloigné que jamais de s’engager dans la guerre, à cause de la désertion de l’armée de M. de Turenne. Je voyois les députés, à Ruel, plus hardis que la première fois, par le succès de leur prévarication. Je voyois le peuple de Paris aussi disposé à faire entrer l’archiduc qu’il l’eût pu être à recevoir M. le duc d’Orléans. Je voyois que ce prince, avec son chapelet toujours à la main ; et Fuensaldagne avec son argent, y auroient en huit jours plus de pouvoir que nous tous. Je voyois que le dernier, qui étoit un des plus habiles hommes, avoit tellement mis la main sur Noirmoutier et sur Laigues, qu’il les avoit comme enchantés. Je voyois que M. de Bouillon retomboit dans ses premières propositions de porter toutes les