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[1649] MÉMOIRES

prendre c’étoit, pour lui, de se jeter dans Peronne, où Hocquincourt le recevroit ; et pour moi de me retirer à Mézières, où je pouvois disposer de Bussy-Lamet. Je crus d’abord qu’il avoit fait quelque sottise avec La Boulaye. Après qu’il m’eut fait mille sermens qu’il étoit aussi innocent que moi, je lui dis que le parti qu’il me proposoit étoit pernicieux qu’il nous feroit paroître coupables aux yeux de tout l’univers qu’il n’y en avoit point d’autre que de nous envelopper dans notre innocence, que de faire bonne mine, de ne rien entreprendre il l’égard de tout ce qui ne nous attaqueroit pas directement, et de résoudre ce que nous aurions à faire dans les occasions. Il entra dans mes raisons. Nous sortîmes sur les huit heures, pour nous faire voir au peuple, et pour voir nous-mêmes la contenance du peuple, qu’on nous avoit mandé de différens quartiers être beaucoup consterné. Cela nous parut effectivement ; et si Ja cour nous eût attaqués dans ce moment, je ne sais si elle n’auroit point réussi. Je reçus trente billets sur le midi, qui me firent croire qu’elle en avoit le dessein, et trente autres qui me firent, appréhender qu’elle ne le pût avec assez de succès.

Messieurs de Beaufort, de La Mothe de Brissac de Noirmoutier de Laigues de Fiesque, de Fontrailles et de Matha vinrent dîner chez moi. Il y eut après dîner une grande contestation, la plupart voulant que nous nous missions sur la défensive, c’est-adire que nous nous reconnussions coupables avant que d’être accusés.. Mon avis l’emporta ce, fut que M. de Beaufort marchât seuil dans les rues avec un page derrière son carrosse, et que j’y marchasse de