Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/100

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a où il est impossible de bien faire. Je crois que Monsieur me répétoit ces paroles cent fois par jour, avec des soupirs et des regrets incroyables de ne m’avoir pas cru quand je lui représentois, et qu’il tomberoit en cet état, et qu’il y feroit tomber tout le monde. Il étoit encore aggravé à mon égard par les contre-temps, que je puis, ce me semble, appeler domestiques, qui m’arrivèrent dans ces conjonctures.

Vous avez déjà vu que madame de Chevreuse, Noirmoutier et Laigues avoient commencé en quelque façon à faire bande à part ; et que, sous le prétexte de ne pouvoir entrer ni directement ni indirectement dans les intérêts de M. le prince, ils étoient effectivement séparés de ceux de Monsieur, quoiqu’ils y gardassent toujours les mesures de l’honnêteté et du respect. Celles qu’ils avoient avec la cour étoient beaucoup plus étroites. L’abbé Fouquet avoit succédé pour cette négociation à Bertet ; je l’appris par Monsieur même, qui m’obligea ou plutôt qui me força à la pénétrer plus que je n’eusse fait sans son ordre exprès : car, dans la vérité, depuis ce qui s’étoit passé à l’hôtel de Chevreuse quand M. le cardinal rentra dans le royaume, je n’y comptois plus rien ; et je ne continuois même à y aller que parce que je voyois mademoiselle de Chevreuse qui ne m’avoit pas manqué. Je me sentois obligé à Monsieur de ce qu’il n’avoit ajouté aucune foi aux mauvais offices que Chavigny et Goulas me rendoient du matin au soir sur les correspondances de l’hôtel de Chevreuse avec la cour, qui donnoient à la vérité un beau champ à me calomnier ; et ainsi je me sentis aussi plus obligé moi-même à les éclairer. Cette considération fit que, contre mon