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l’on trouve des facilités incroyables à amuser ceux qui ont beaucoup d’aversion à faire la guerre au Roi. Je ne sais si j’excuse M. le prince, je ne sais si je le loue : je dis la vérité que j’ai pris la liberté de lui dire. Il ne s’en fallut pas beaucoup qu’il n’y eût du bruit dans le parlement, le jour que Monsieur parla des conférences que messieurs de Rohan, de Chavigny et de Goulas avoient eues à Saint-Germain avec le cardinal.

Ce fut le 30 avril. Le murmure y fut si grand, que Monsieur, qui craignit l’éclat, dit publiquement qu’ils ne l’y reverroient jamais que le cardinal ne fût sorti. L’on y résolut aussi que M. le procureur général iroit à la cour pour solliciter les passeports nécessaires pour les députés qui devoient faire les nouvelles remontrances, et pour se plaindre des désordres que les gens de guerre commettoient aux environ de Paris.

Le 3 de mai, M. le procureur général fit la relation de ce qu’il avoit fait à Saint-Germain en conséquence des ordres de la compagnie. Il dit que le Roi entendroit les remontrances le lundi 6 du mois, et que Sa Majesté étoit très-fâchée que la conduite de Monsieur et de M. le prince l’obligeassent à tenir son armée si près de Paris. L’on commença ce jour-là la garde des portes, pour laquelle toutefois le corps de ville souhaita une lettre de cachet qui en portât le commandement. La cour l’envoya, parce qu’elle vit bien que Monsieur, à la fin, la feroit faire de son autorité. Elle étoit à la vérité plus que nécessaire, le désordre et le tumulte populaire croissant dans Paris à vue d’œil.

Le 6, les remontrances du parlement et de la cham-