Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/115

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raine. Quoiqu’il fût frère de Madame, à laquelle j’étois très-particulièrement attaché, je me contentai de lui envoyer un gentilhomme, et de l’assurer de mes services. Monsieur souhaita que je le visse : en quoi il se trouva de la difficulté, parce que les ducs de Lorraine prétendent la main chez les cardinaux. Nous nous trouvâmes chez Madame, et après dans la galerie chez Monsieur, où il n’y a point de rang, et où de plus quand il y en auroit eu il ne se seroit point trouvé d’embarras, parce qu’il ne me disputoit point le pas en lieu tiers. Cette conférence ne se passa qu’en civilités et qu’en railleries, dans lesquelles il étoit inépuisable. Il lui vintdeux ou trois jours après dans l’esprit une nouvelle manière de m’entretenir. Madame me commanda de le voir au noviciat des Jésuites. Je lui dis d’abord que j’étois très-fâché que le cérémonial romain ne m’eût pas permis de lui rendre mes devoirs chez lui ; comme je l’aurois souhaité ; et il me paya sur-le-champ en même monnoie, en me répondant qu’il étoit au désespoir que le cérémonial de l’Empire l’eut empêché de me rendre chez moi ce qu’il eût souhaité. Il me demanda ensuite, sans aucun préambule, si son nez me paroissoit propre à recevoir des chiquenaudes. Il pesta tout d’une suite contre l’archiduc, contre Monsieur et contre Madame, qui lui en faisoient recevoir douze ou quinze par jour, en l’obligeant de venir, au secours de M. le prince, qui lui détenoit son bien. Il entra de là dans un détail de propositions et d’ouvertures auxquelles je vous proteste que je n’entendois rien. Je crus que je ne pouvois mieux lui répondre que par des discours auxquels je vous assure qu’il n’entendit pas grand’chose. Il s’en