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Germain vint dire à M. de Turenne que M. de Lorraine étoit prêt d’exécuter ce dont l’on étoit convenu à telle et telle négociation. On négocia sur l’heure même. Le roi d’Angleterre, qui sur l’apparence d’une bataille avoit joint M. de Turenne, fit lui-même des allées et des venues ; et l’on convint que M. de Lorraine sortiroit du royaume dans quinze jours, et des postes où il étoit dès le lendemain ; qu’il remettroit entre les mains de M. de Turenne les bateaux qui lui avoient été envoyés de Paris pour faire un pont sur la rivière ; et qu’aussi M. de Turenne ne pourroit se servir de ces bateaux pour passer la Seine, et pour empêcher le passage des troupes sorties d’Etampes ; que celles de messieurs les princes qui étoient dans son camp pussent rentrer dans Paris en sûreté ; et que le Roi fît fournir des vivres à l’armée lorraine dans sa retraite. Ces deux dernières conditions ne reçurent pas beaucoup de contradiction, M. de Turenne disant qu’il étoit très-persuadé que l’armée lorraine épargneroit au Roi, par le soin qu’elle prendroit de se pourvoir elle-même, la peine et la dépense que l’on stipuloit. Et pour ce qui étoit de la liberté que l’on demandoit pour les troupes des princes de se pouvoir rendre à Paris en sûreté, il la leur accordoit avec joie parce qu’il étoit assuré que la ville en seroit beaucoup plus effrayée que rassurée. M. de Beaufort, qui avoit amené au camp cinq ou six cents bourgeois volontaires, dit le lendemain au soir à Monsieur qu’ils avoient été si épouvantés, qu’il avoit peur lui-même qu’ils ne donnassent l’alarme à toute la ville. M. le prince, qui étoit malade en ce temps-là, n’avoit pas été d’avis par cette raison que l’on les laissât sortir