Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/134

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en ce cas, et par bienséance et par intérêt, de me ménager ; et il ne se pouvoit même que naturellement l’aigreur que la cour avoit contre moi ne diminuât de beaucoup, par une conduite qui eût contribué à noircir celle de ses amis. Les circonstances dont j’eusse pu accompagner ma retraite eussent empêché facilement que je n’eusse participé à la haine publique que l’on avoit contre le Mazarin, parce que je n’avois qu’à me retirer au pays de Retz, sans aller à la cour : ce qui eût même purgé le soupçon du mazarinisme pour le passé. Ainsi je fusse sorti de l’embarras journalier où j’étois et de celui que je prévoyois pour l’avenir, et que je prévoyois sans en pouvoir jamais prévoir l’issue. Ainsi j’eusse attendu en patience ce qu’il eut plu à la Providence d’ordonner de la destinée des deux partis, sans courir aucun des risques auxquels j’étois exposé à tous les momens des deux côtés. Ainsi je me fusse approprié l’amour public, que l’horreur que l’on a d’une action violente concilie toujours infailliblement à celui qu’elle fait souffrir. Ainsi je me fusse trouvé, à la fin des troubles, cardinal et archevêque de Paris, chassé de son siége par le parti qui étoit publiquement joint avec l’Espagne, purgé de la faction par ma retraite hors de Paris, purgé du mazarinisme par ma retraite hors de la cour ; et le pis du pis qui m’en pouvoit arriver après tous ces avantages, étoit d’être sacrifié par les deux partis s’ils se fussent réunis contre moi à l’emploi de Rome, qu’ils eussent été ravis de me faire accepter, avec toutes les conditions que j’eusse voulu, et qui à un cardinal archevêque de Paris ne peut jamais être à charge, parce qu’il y a mille occasions