Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/16

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le cardinal. Il tonna en faveur du parlement de Rennes contre le maréchal de La Meilleraye ; mais il conclut à des remontrances sur le retour du premier, et à des informations contre le désordre des troupes du maréchal d’Hocquincourt. Le feu s’exhala en paroles : midi sonna, et l’on remit la délibération au lendemain 25. Elle produisit un arrêt conforme à ces conclusions, que je viens de vous rapporter, avec une addition toutefois qui y fut mise, particulièrement en vue du maréchal de La Meilleraye : qui étoit qu’il ne seroit procédé au parlement à la réception d’aucuns ducs et pairs et maréchaux de France, que le cardinal ne fût hors du royaume.

Le pur hasard fit un incident dans cette séance qui fut pris, par la plupart des gens pour un grand mystère. M. le maréchal d’Etampes ayant dit en opinant, sans aucun dessein, que le parlement devoit s’unir avec Monsieur pour chasser l’ennemi commun, quelques conseillers le suivirent dans leurs avis, sans y entendre aucune finesse ; et les autres le contredirent, par ce pur esprit que je vous ai quelquefois dit être opposé à tout ce qui est ou paroît concerté dans ces sortes de compagnies. M. le président de Novion, qui étoit raccommodé intimement avec la cour, prit très-habilement cette conjoncture pour la servir ; et jugeant très-bien que la personne du maréchal d’Etampes, qui étoit domestique de Monsieur, lui donnoit lieu de faire croire qu’il y avoit de l’art à ce qui n’avoit été jeté à la vérité qu’à l’aventure, il s’éleva avec M. le président de Mesmes contre ce mot d’union, comme contre la parole du monde la plus criminelle. Il exagéra avec éloquence l’injure