Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/163

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de toutes leurs forces, disant que ce ne pouvoit être qu’un piège dans lequel je voulois faire tomber la cour ; que si mon intention avoit été droite et sincère, j’aurois commencé par une négociation, et non pas par une proposition qui forçoit le Roi de revenir à Paris sans avoir pris ses sûretés préalables, ou de s’attirer les plaintes de toute la ville en n’y revenant pas. Madame la palatine, qui avoit l’ordre du cardinal en main se sentoit bien forte, et leur répondoit que quand j’aurois la meilleure volonté du monde, je ne pouvois pas me conduire autrement que je me conduisois parce qu’il étoit beaucoup moins sûr pour moi de me commettre à une négociation dans laquelle on me pouvoit tendre à moi-même mille et mille piéges, qu’à une députation sur laquelle enfin le pis du pis étoit de faire connoître une bonne intention sans effet. Ondedei soutenoit que l’unique fin de ma proposition étoit de pouvoir aller en sûreté pour prendre mon bonnet. Madame la palatine répondit que la réception de ce bonnet, qui n’étoit qu’une pure cérémonie, m’étoit, comme il étoit vrai, de toutes les choses du monde la plus indifférente. L’abbé Fouquet revenoit à la charge, et soutenoit que les intelligences qu’il avoit dans Paris y rétabliroient le Roi au premier jour, sans qu’il en eût obligation à des gens qui ne proposoient de l’y mettre que pour être plus en état de s’y maintenir eux-mêmes contre lui. Messieurs Le Tellier et Servien, qui avoient été au commencement de leur avis, se rendirent sur la fin, et à l’ordre du cardinal, et aux fortes et solides raisons de la palatine ; et la Reine, qui avoit tenu l’abbé Charrier, que j’avois envoyé pour obtenir les passeports, trois jours entiers