Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/173

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tesse Royale, quelque sentiment qu’il lui plaise de prendre. Je ne désavoue pas les miens en ce rencontre ; je fais plus, car je ne m’en repens pas. Je ne considère point les événemens : la fortune en décide ; mais elle n’a aucun pouvoir sur le bon sens. Le mien est moins infaillible que celui des autres, parce que je ne suis pas si habile ; mais pour cette fois, je le tiens aussi droit que s’il avoit bien réussi, et il ne me sera pas difficile de le justifier à Votre Altesse Royale. » Monsieur m’arrêta en cet endroit même avec précipitation, et il me dit : « Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire : je sais bien que nous avons eu raison ; mais enfin ce n’est pas assez d’avoir raison en ce monde, et c’est encore moins de l’avoir eu. Qu’est-il besoin de faire ? nous allons être pris à la gorge. Vous voyez comme moi que la cour ne peut pas être aveuglée au point d’agir comme elle fait, et qu’il faut, ou qu’elle soit accommodée avec M. le prince, ou qu’elle soit maîtresse de Paris sans moi. » Madame, qui avoit impatience de savoir à quoi se termineroit cette scène, entra à ce mot dans le cabinet des livres ; et pour vous dire le vrai, j’en eus une grande joie, parce qu’en tout où elle n’étoit pas prévenue, elle avoit le sens droit, quoique son esprit fût assez borné. Monsieur continuant devant elle à me commander de lui dire mon sentiment, je le suppliai de me permettre de le mettre par écrit : ce qui étoit toujours le mieux avec lui, parce que sa vivacité faisoit qu’il interrompoit à tout moment le fil de ce qu’on lui disoit. Voici ce que j’ai transcrit sur l’original, que je retrouvai par un fort grand hasard :

« Je crois que Son Altesse Royale doit supposer