Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui écrivoit presque des douceurs. Cette lettre lui étoit venue par le maréchal d’Etampes, qui, quoique très-bien intentionné pour la cour, ne l’avoit pas prise pour bonne, non plus que Monsieur qui me l’avoit montrée la veille, en me disant : « Il faut que la Reine me croie bien sot de m’écrire de ce style dans le temps qu’elle agit comme elle fait ! » Vous voyez donc qu’il n’étoit pas la dupe de cette lettre, ou plutôt qu’il ne l’avoit pas été jusque là ; mais il en devint effectivement la dupe quand il voulut la faire voir au parlement, parce que le parlement se persuada que Monsieur traitoit son accommodement particulier avec la cour. Il jeta ainsi de la défiance de sa conduite dans la compagnie, au lieu de s’y donner de la considération. Il ne se put jamais défaire de cet air de mystère sur ce chef ; et quoi que Madame lui pût dire, il le crut toujours nécessaire à sa sûreté, pour empêcher les gens, disoit-il, de courir sans lui à l’accommodement. Cet air de négociation, joint aux apparences que le parti de M. le prince en donnoit à tous les instans, fut ce qui fit, à mon avis, la paix beaucoup plus tôt que les négociations les plus réelles et les plus effectives ne l’eussent pu faire. Les grandes affaires consistent encore plus dans l’imagination que les petites. Celle des peuples fait quelquefois toute seule la guerre civile. Elle fit la paix en ce rencontre ; mais on ne la doit point attribuer à cette lassitude, parce qu’il s’en falloit bien qu’elle fût au point de les obliger à rappeler ou à recevoir le Mazarin. Il est constant qu’ils ne souffrirent son retour que quand ils se persuadèrent qu’ils ne le pouvoient plus empêcher ; mais