Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/215

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Pour mademoiselle de Chevreuse, elle ne me pardonna pas ma résistance à ses beaux yeux ; et l’abbé Fouquet, qui servoit en ce temps-là son quartier auprès d’elle, a dit depuis sa mort à un homme de qualité, de qui je le sais, qu’elle me haïssoit autant qu’elle m’avoit aimé. Je puis jurer, avec toute sorte de vérité, que je ne lui en avois jamais donné le moindre sujet. La pauvre fille mourut d’une fièvre maligne qui l’emporta en vingt-quatre heures, avant que les médecins se fussent seulement doutés qu’il pût y avoir le moindre péril à sa maladie. Je la vis un moment avec madame sa mère, qui étoit au chevet de son lit, et qui ne s’attendoit à rien moins qu’à la perte qu’elle en fit le lendemain matin à la pointe du jour.

J’avois une deuxième espèce d’amis, c’est-à-dire des gens qui se tenoient fourrés dans le parti de la Fronde, et qui, dans les subdivisions de partis, s’étoient joints particulièrement à moi : et de ceux-là les volées étoient différentes. Elles s’accordoient toutes en un point, qui étoit qu’ils espéroient beaucoup, pour leur intérêt particulier, de mon accommodement : ce qui étoit une disposition toute prochaine à croire que je n’aurois pu faire tout ce que je n’aurois pas fait pour eux. Ces sortes de gens sont très-fâcheux, parce que dans les grands partis ils font une multitude d’hommes auxquels, pour mille différens respects, l’on ne se peut ouvrir de ce que l’on peut ou de ce que l’on ne peut pas, et auprès desquels par conséquent on ne se peut jamais justifier. Ce mal est sans remède, et il est de ceux-là où il ne faut chercher que la satisfaction de sa conscience. Je l’ai eue toute ma vie plus tendre sur cet article qu’il ne