Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/22

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qu’il fût fait défenses aux maires et échevins des villes, aussi bien qu’aux gouverneurs des places, de livrer passage aux troupes espagnoles, conduites par M. de Nemours.

Ce fut en cet endroit où Monsieur exécuta ce que je vous ai dit ci-devant qu’il avoit résolu, et même il y renchérit. Il soutint que ces troupes n’étoient point espagnoles : qu’il les avoit prises à sa solde. Ce discours, qui fut assez étendu, consuma du temps ; l’heure sonna, et l’assemblée fut remise au lendemain 16. Il n’y en eut point toutefois, parce que Monsieur envoya dès le matin s’excuser, sur le prétexte d’une colique. Voici la véritable raison du délai.

Les derniers contre-temps du parlement l’avoient embarrassé au dessus de tout ce que je vous en puis exprimer ; et je crois qu’il m’avoit dit cent fois en moins de deux jours : « C’est une chose cruelle que de se trouver dans un état où l’on ne peut rien faire qui soit bien ! Je n’y avois jamais fait d’attention : je le sens, et je l’éprouve. » Son agitation, qui avoit, comme la fièvre, ses accès et ses redoublemens, ne fut jamais plus sensible que le jour qu’il commanda ou plutôt qu’il permit à M. de Beaufort de faire agir ses troupes. Et comme je lui représentois qu’il me sembloit qu’après les déclarations qu’il avoit tant de fois réitérées dans le parlement et partout ailleurs contre le Mazarin, le pas de donner du mouvement à ses troupes contre lui n’ajoutoit pas tant à la mesure du dégoût qu’il avoit déjà donné à la cour, qu’il le dût tant appréhender. Il me répondit ces mémorables paroles, sur lesquelles j’ai fait mille