Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/223

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ne vouloit plus se trouver chez Joly, où elle avoit accoutumé de me venir trouver en chaise par une porte de derrière entre dix et onze heures du soir. Elle me fit connoître qu’il y avoit du péril pour moi en ces conférences secrètes, et elle me dit naturellement que je devois conclure, ou que je devois traiter avec le cardinal ; parce que tous les subalternes, l’un par un principe, l’autre par un autre, m’étoient fort contraires. Madame de Lesdiquières me donnait avis que je n’avois qu’à faire bonne mine, qu’à demeurer chez moi ; que le cardinal, qui s’amusoit sur la frontière à vétiller proprement dans l’armée de M. de Turenne, où vous pouvez vous imaginer qu’il n’étoit pas fort nécessaire ; que le cardinal, dis-je, qui mouroit d’impatience de revenir à Paris et qui n’osoit y entrer tant que j’y serois, me feroit un pont d’or pour en sortir, et qu’il m’accorderoit tout ce que je lui demanderois. M. le premier président fit il madame de Lesdiguières un discours de la même nature, en lui disant qu’il savoit que l’on brûloit d’envie de s’accommoder avec moi ; et je me souviens que Joly me disoit alors à l’oreille : «Encore une contusion ! » C’en étoit une effectivement : car quoique tous ces bruits ne me persuadassent pas, ils me retenoient, ils m’empêchoient de conclure, et ils m’obligèrent à la fin à croire madame la palatine, et à traiter avec M. le cardinal. J’écrivis à M. de Châlons que je le priois de l’aller trouver, de lui expliquer nettement mes pensées, et d’en tirer pour M. de Brissac en récompense le gouvernement d’Anjou, et quelques postes aussi pour messieurs de Montmorency, d’Argenteuil, de Châteaubriant, etc. Il n’y eût pas une ombre de difficulté à l’égard de ces