Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même flatté en ce que son ancien seigneur en dit dans ses épîtres. Je m’y divertissois par la vue de ce qui y paroît encore de ce grand homme ; les colonnes de marbre blanc qu’il fit apporter de Grèce pour son vestibule y soutiennent l’église des religieux, qui sont italiens, mais qui font l’office en grec, et qui ont un chant particulier, mais très-beau. Ce fut dans ce séjour où j’eus connoissance de la lettre de M. de Lionne de laquelle je viens de vous parler. Croissy m’en apporta une copie tirée sur l’original. Il est nécessaire que je vous explique, et qui étoit ce Croissy, et le fond de l’intrigue qui me donna lieu de voir cette lettre.

Croissy étoit un conseiller du parlement de Paris qui s’étoit beaucoup intrigué, comme vous avez vu, dans les affaires du temps. Il avoit été à Munster avec d’Avaux ; il avoit été envoyé par lui vers Ragotski, prince de Transylvanie. Il s’étoit brouillé pour ses intéeêts avec M. Servien ; et cette considération, jointe à son esprit qui étoit, naturellement inquiet, le porta à se signaler contre le Mazarin aussitôt que les mouvemens de sa compagnie lui en eurent donné lieu. L’habitude que M. de Saint-Romain, son ami particulier, avoit auprès de M. le prince de Conti, et celle de M. Courtin[1], qui a l’honneur d’être connu de vous auprès de madame de Longueville, l’attachèrent, dans le temps du siége de Paris, à leurs intérêts.

  1. M. Courtin : Antoine. Il fut employé dans plusieurs missions diplomatiques et s’étant retiré des affaires, il composa un grand nombre d’ouvrages aujourd’hui oubliés. Sa traduction du Traité du droit de la guerre et de la paix par Grotius, est inférieure à celle que publia depuis Barbeyrac. Courtin mourut en 1685.