Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/368

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que je me ménageois entre ces deux derniers et l’abbé Charier entre lesquels la jalousie étoit assez naturelle. Celui-ci penchoit absolument vers l’abbé Bouvier, mon agent et mon expéditionnaire à la cour de Rome, auquel toutes mes lettres de change étoient adressées. Joly prit parti pour l’abbé Rousseau, qui, comme frère de mon intendant, prétendoit qu’il devoit faire la fonction d’intendant, de laquelle dans la vérité, il n’étoit nullement capable. Je vous fais encore des excuses de vous entretenir de ces bagatelles, sur lesquelles d’ailleurs vous ne doutez pas que je n’épargnasse avec joie les petits défauts de ceux de qui je viens de parler, quand il vous plaira de faire réflexion qu’ils ne m’ont pas empêché de faire pour tous mes domestiques, sans exception, ce qui a été en mon pouvoir depuis que je suis de retour en France. Je ne touche, comme je vous ai dit, cette matière, que parce que messieurs vos enfans ne la trouveront peut-être en lieu du monde si bien spécifiée ; et je ne l’ai jamais rencontrée, au moins particularisée, dans aucun livre. Vous me demandez peut-être quel fruit je prétends qu’ils en tirent ? Le voici. Qu’ils fassent réflexion une fois la semaine qu’il est de la prudence de ne pas s’abandonner toujours à toute sa bonté ; et qu’un grand seigneur, qui n’en peut jamais trop avoir dans le fond de son ame, la doit par sa bonne conduite cacher avec soin dans son cœur, pour en conserver la dignité, particulièrement dans les disgrâces. Il n’est pas croyable ce que ma facilité naturelle, si contraire à cette maxime, m’a coûté de chagrin et de peine. Je crois que vous voyez suffisamment, par ces échantillons, la difficulté du per-