Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/379

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auroient en droit de s’attribuer leur puissance, et de leur ôter, par un détestable schisme l’usage de leurs caractères.

« Le grand saint Cyprien, évêque de Carthage (pour n’apporter que ce seul exemple de l’antiquité), ayant vu la persécution qui s’allumoit contre lui, et que les païens avoient demandé qu’on l’exposât dans l’amphithéâtre aux lions, se crut obligé de se retirer, pour ne pas exciter par sa présence la fureur des infidèles contre son peuple : ce qui donna sujet à quelques prêtres de son Église, qui ne l’aimoient pas, de se servir de son absence pour usurper son autorité, et s’attribuer la puissance que Dieu lui avoit donnée sur les fidèles de Carthage. Mais il fit bien voir que son siége n’étoit point désert, quoiqu’il fût absent et caché, et que la persécution l’empêchât de faire publiquement les fonctions d’un évêque. Jamais il ne gouverna son Église avec plus de fermeté et de vigueur : il établit des vicaires pour la conduire en son nom et sous son autorité ; il excommunia ces prêtres qui lui vouloient ravir sa puissance, avec tous ceux qui les suivroient ; il fit par ses lettres tout ce qu’il auroit fait étant présent. Le compte qu’il en rend lui-même, écrivant au clergé de Rome, montre bien clairement que jamais il n’avoit moins abandonné son Église ; que la proscription qu’on avoit faite de sa personne et de ses biens l’avoit contraint de s’en éloigner. Du lieu de sa retraite il envoyoit des mandemens pour la conduite qu’on devoit tenir envers ceux qui étoient tombés dans la persécution. Il ordonnoit des lecteurs, des sous-diacres et des prêtres, qu’il envoyoit à son clergé. Il consoloit les uns, exhortoit les autres, et