Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/386

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que je vous aurai entretenue d’un détail qui sera curieux, en ce qu’il fera proprement le caractère du malheur le plus sensible, à mon opinion, qui soit attaché à la disgrâce.

Une lettre que je reçus de Paris, quelque temps après que je fus entré dans le conclave, m’obligea à y dépêcher en poste Malclerc. Cette lettre, qui étoit de M. de Caumartin, portoit que M. de Noirmoutier traitoit avec la cour par le canal de madame de Chevreuse et de Laigues ; que celle-là avoit assuré le cardinal que celui-ci ne me donneroit que des apparences, et qu’il ne feroit rien contre ses intérêts ; que le cardinal lui avoit déclaré à elle-même que Laigues n’entreroit jamais en exercice de la charge de capitaine des gardes de Monsieur, qui lui avoit été donnée à la prison de messieurs les princes, jusqu’à ce que le Roi fût maître de Mézières et de Charleville ; que Noirmoutier avoit dépêché Longrue, lieutenant de roi de la dernière à la cour, pour l’assurer, non pas seulement en son nom, mais même en celui du vicomte de Lameth, tout au moins d’une inaction entière cependant que l’on traiteroit du principal ; que cet avis venoit de madame de Lesdiguières, qui apparemment le tenoit du maréchal de Villeroy, et que je devois compter là-dessus. Cette affaire, comme vous voyez, méritoit de la réflexion ; et celle que je fis, jointe au besoin que j’avois de pourvoir à ma subsistance, m’obligea, comme je viens de vous le dire, à envoyer en France Malclerc avec ordre de faire concevoir à mes amis la nécessité qui me forçoit à des dépenses qu’ils ne croyoient pas trop nécessaires ; et de faire ses efforts pour obliger messieurs de Noirmoutier et de