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Que l’archevêque de Toulouse
Revint ici de Saint-Germain.
Mais non, ce fut le lendemain.
Nenni ce fut ce jour-là même
Qu’étant allé dès le troisième
Y faire prédication
De notre bonne intention,
En guise d’une remontrance,
Il ne put avoir audience ;
Et, sans qu’on l’ouït, il avint
Que le zélé prélat revint.
    Ce jour mérite quelque note,
Puisque le maréchal La Mothe
Et le vaillant duc de Beaufort,
Qu’on appeloit Frappe-d’abord,
Sortis avec cavalerie
Pour purger les chemins de Brie
Des picoleurs de Saint-Denis,
Virent près les bois de Bondis
Une forte troupe et très-grande
De cavalerie allemande.
Demander si nos généraux
Furent aussitôt à leur dos,
C’est péché mortel que ce doute.
L’Allemand fut mis en déroute,
Après s’être bien défendu :
Jusque là même qu’un pendu,
Le capitaine de la troupe
(Quand j’y songe ma voix s’étoupe)
Vint tirer à brûle-pourpoint
Notre duc, qui ne branla point ;
Mais d’un revers de cimeterre
Renversa ce reître par terre
Les uns disent de pistolet.
Enfin le coup ne fut pas laid :
Le drôle en est au cimetière,
Et mord fièrement la poussière.
    Le sept, par vous, brave Condé,
Le duc d’Orléans secondé
Ayant tiré des voisinages,
Des villes, bourgs, châteaux, villages,
Autant de troupes qu’il en put,
Sans que Paris débloqué fût,
Il fit bien de cavalerie
Trois mille, et cinq d’infanterie,
Qui filèrent toute la nuit
Vers Charenton à petit bruit.
    Lundi huit, l’Aurore éveillée
Vous trouva dans une vallée
Que nous appelons tous Fécamp,
Où le-voleur est très-fréquent
Durant tous les mois de l’année :
Mais où devant cette journée
Jamais tant il ne s’en compta
Que dans ce jour elle en porta.
Là votre gros prit sa séance,
Et se saisit de l’éminence,
Tandis que quelque régiment,
Détaché par commandement,
Alla pour donner l’escalade
À la malheureuse bourgade.
A tant qu’aucun fût assommé,
Clanleu par vos gens fut sommé
De leur remettre cette place,
Qui ne leur fit pas cette grâce ;
Et sur l’heure les assiégeans
De cette bravade enrageans,
Occupèrent les avenues,
Que nos canons rendirent nues.
Sans mentir, le coup le premier
Les fit plus nettes qu’un denier ;
Le second rompit quatre cuises
Le troisième tua deux Suisses.
Navarre, brave régiment,
Lâcha le pied vilainement.
Vingt de ses officiers à terre
Maudirent mille fois la guerre
Qui les envoyoit chez Pluton
Devant un chétif Charenton.
Votre Altesse ayant su l’escarre
Qui s’étoit faite de Navarre,
Pensa crever dans son pourpoint ;