Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/470

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que je donne à un de vos prédécesseurs dans cette chaire, qui est pourtant le véritable lieu des louanges, puisque c’est celui d’où l’on les doit distribuer selon le poids du sanctuaire. De sorte qué le seul avantage véritablement solide que vous pouvez tirer de ce grand nombre de monarques que vous avez pour aïeuls est la connoissance de l’obligation que vous avez de songer, plus souvent que tous les autres princes de la terre, que vous êtes mortel, parce que vous comptez plus d’ancêtres qui vous enseignent cette vérité par leur exemple. Et cette considération, dès les commencemens de votre vie, vous doit tous les jours humilier devant Dieu, même en vue de ce que vous avez de plus grand dans le monde, à la différence des autres hommes, qui trouvent assez de sujet dans eux-mêmes, même selon la terre, pour abaisser leur orgueil. Et toutefois ouvrons ici nos consciences, confessons-nous publiquement à la vue du ciel et de la terre : n’est-il pas vrai que, sans descendre du sang des rois, la moindre chimère, assez souvent ridicule, même selon le monde, nous emporte à des vanités criminelles contre les ordres du ciel ?

L’histoire remarque que le beau naturel de saint Louis répondit à sa haute naissance. Dès ses plus tendres années on vit briller, dans les premiers mouvemens de son ame, des étincelles de ce grand feu qui depuis anima tout le cours de sa vie avec tant d’ardeur pour la vertu. Sortitus sum bonam indolem, disoit Salomon. Après cette remarque du plus sage des hommes, on doit croire que les bonnes inclinations peuvent être une juste matière de louanges ; et l’on peut dire qu’elles ne furent jamais meilleures dans l’ame de saint Louis que quand elles produisirent ce profond respect et cette parfaite obéissance qu’il conserva toujours avec tant de soin pour la reine Blanche de Castille sa mère, régente de son royaume, grande et vertueuse princesse, de laquelle je me contente de dire, pour marquer seulement le caractère de sa vertu, que, dans la minorité du Roi son fils, elle purgea la France des restes malheureux de l’hérésie des Albigeois.

Sire, je ne prétends pas de vous toucher en ce point par des exemples. Les obligations que vous avez à la Reine votre mère parlent plus suffisamment à votre cœur que toutes mes paroles ne se sauroient faire entendre à vos oreilles. Vous êtes l’enfant de