Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/54

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sa maison, et ce que je savois de sa femme contribuèrent beaucoup à mes espérances. Elles se trouvèrent vaines par l’événement : car bien que l’on ne m’arrachât pas les yeux ; bien que l’on ne m’étouffât pas à force de m’interdire les soupirs ; bien que je m’aperçusse à de certains airs que l’on n’étoit pas fâché de voir la pourpre soumise, tout armée et tout éclatante qu’elle étoit, on se tint toujours sur un pied de sévérité ou plutôt de modestie qui me lia la langue, quoiqu’elle fut assez libertine : ce qui doit étonner ceux qui n’ont point connu mademoiselle de La Loupe, et qui n’ont ouï parler que de madame d’Olonne. Cette historiette n’est pas trop, comme vous voyez, à l’honneur de ma galanterie. Je passe pour un moment aux affaires de Guienne.

Comme je fais profession de ne vous rendre compte précisément que de ce que j’ai vu moi-même, je ne toucherai ce qui se passa en ce pays-là que fort légèrement et simplement autant qu’il est nécessaire de le faire pour vous faire mieux entendre ce qui y a eu du rapport du côté de Paris. Je ne puis pas même vous assurer si je serai bien juste dans le peu que je vous en dirai, parce que je n’en parlerai que sur des mémoires qui peuvent ne l’être pas eux-mêmes. J’ai fait tout ce qui a été en moi pour tirer de M. le prince le détail de ses actions de guerre, dont les plus petites ont toujours été plus grandes que les plus héroïques des autres hommes ; et ce seroit avec une joie sensible que j’en releverois et j’en honorerois cet ouvrage. Il m’avoit promis de m’en donner un extrait ; et il l’auroit fait, à mon sens si l’inclination et si la facilité qu’il a à faire des merveilles n’étoient égalées