Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/58

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le pressoient par tous les courriers de ne pas s’abandonner si absolument aux affaires des provinces qu’il ne songeât à celles de la capitale, qui étoit en tout sens la capitale. M. de Rohan se servit de ce mot dans une de ses lettres que je surpris. Ces messieurs étoient persuadés que je rompois toutes leurs mesures auprès de Monsieur, qui, à la vérité, rejetoit tout ce qu’il ne vouloit pas faire pour les intérêts de M. le prince ; sur les ménagemens que le poste où j’étois à Paris l’obligeoit d’avoir pour moi. Il m’a confessé quelquefois, parlant à moi-même, qu’il se servoit de ce prétexte en certaines occasions et il y en eut même où il me força, à force de me persécuter, à donner des apparences qui pussent confirmer ce qu’il leur vouloit persuader. Je lui représentai plusieurs fois qu’il feroit tant par ses journées, qu’il obligeroit M. le prince de venir à Paris, qui étoit de toutes les choses du monde celle qu’il craignoit le plus. Mais comme le présent touche toujours sans comparaison davantage les âmes foibles que l’avenir même le plus proche, il aimoit mieux s’empêcher de croire que M. le prince pût faire ce voyage dans quelque temps, que de se priver du soulagement qu’il trouvoit dans le moment même à rejeter sur moi les murmures et les plaintes que ses ministres lui faisoient sur mille choses à tous les instans. Ces ministres, qui se trouvèrent bien plus fatigués que satisfaits de ses méchantes défaites, pressèrent M. le prince au dernier point d’accourir lui-même au besoin pressant ; et leurs instances furent puissamment fortifiées par les nouvelles qu’il reçut en même temps de M. de Nemours, et qu’il est bon de traiter un peu en détail.