Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/7

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étoit effectivement homme d’un esprit ferme et d’un jugement solide : et je crus quelquefois qu’elles étoient affectées. Je me souviens que je perdis cette pensée après y avoir fait de grandes réflexions, et que j’eus des raisons, du détail desquelles je n’ai pas la mémoire assez fraîche, pour demeurer persuadé qu’il étoit emporté, comme tous les autres, par les torrens qui courent dans ces sortes de temps avec une impétuosité qui agite les hommes en un même moment de différens côtés.

Voilà justement ce qui arriva à M. Talon dans la délibération de laquelle nous parlons : car après qu’il eut conclu à faire entrer l’envoyé de M. le prince, et à lire sa lettre et sa requête, il ajouta qu’il falloit envoyer l’une et l’autre au Roi, et ne point délibérer que l’on n’eût sa réponse. La lettre de M. le prince au parlement n’étoit qu’une offre qu’il faisoit à la compagnie de sa personne et de ses armes contre l’ennemi commun ; et la requête tendoit à ce qu’il fût sursis à l’exécution de la déclaration qui avoit été registrée contre lui, jusqu’à ce que les déclarations et arrêts rendus contre le cardinal eussent eu leur plein et entier effet.

On ne put achever la délibération, quoique l’on eût opiné jusqu’à trois heures après-midi ; elle fut consommée le lendemain, qui fut le 12 ; et arrêt fut donné, par lequel il fut dit que l’on redemanderoit M. Bitaut et M. Du Coudray, qui n’étoient que prisonniers, à M. d’Hocquincourt ; et qu’en cas de refus on le rendroit responsable, lui et toute sa postérité, de tout ce qui leur pourroit arriver ; que la déclaration et l’arrêt contre le cardinal seroient exécutés ; que défenses se-