Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/72

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fus cardinal, je fus touché des inconvéniens de la pourpre, parce que j’avois fait plus de mille fois réflexion en ma vie que je l’avois trop été de l’éclat de la coadjutorerie. Une des sources de l’abus que les hommes font presque toujours de leurs dignités est qu’ils s’en éblouissent d’abord qu’ils en sont revêtus ; et l’éblouissement est cause qu’ils tombent dans les premières fautes, qui sont les plus dangereuses par une infinité de raisons. La hauteur que j’avois affectée dès que je fus coadjuteur me réussit, parce qu’il parut que la bassesse de mon oncle l’avoit rendue nécessaire. Mais je connus clairement que sans cette considération, et même sans les autres assaisonnemens que la qualité des temps, plutôt que mon adresse, me donna lieu d’y mettre ; je connus, dis-je, clairement qu’elle n’eût pas été d’un bon sens, ou au moins qu’elle ne lui eût pas été attribuée. Les réflexions que j’avois eu le temps de faire sur cela m’obligèrent d’avoir une attention particulière à l’égard du chapeau, dont la couleur de feu et éclatante fait tourner la tête à la plupart de ceux qui en sont honorés. La plus sensible, à mon opinion, et la plus palpable de ces illusions, est la prétention de précéder les princes du sang, qui peuvent devenir nos maîtres à tous les instans, et qui en attendant le sont presque toujours, par leurs considérations, de tous nos proches. J’ai de la reconnoissance pour les cardinaux de ma maison, qui m’ont fait sucer avec le lait cette leçon par leur exemple ; et je trouvai une occasion assez heureuse de la débiter, le propre jour que je reçus la nouvelle de ma promotion. Châteaubriant, dont vous avez déjà vu le nom ci-devant, me