Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/75

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bles et de leur tendre la main quand ils n’osent eux-mêmes la présenter.

La conduite que je suivis avec application sur ces différens chefs que je viens de vous marquer convenoit en plus d’une manière à la résolution que j’avois faite de rentrer, autant qu’il seroit en mon pouvoir, dans le repos que les grandes dignités que la fortune avoit assemblées dans ma personne pouvoient, ce me sembloit, même assez naturellement me procurer.

Je vous ai déjà dit que l’incorrigibilité, si j’ose ainsi parler, de Monsieur m’avoit rebuté à un point que je ne pouvois plus seulement m’imaginer qu’il y eût le moindre fondement du monde à faire sur lui. Voici un incident qui vous fera connoître que j’eusse été bien aveuglé, si j’eusse été capable de compter sur la Reine.

Vous vous pouvez souvenir de ce que je vous ai dit d’une imprudence de mademoiselle de Chevreuse, à propos du personnage que je jouois de concert avec madame sa mère à l’égard de la Reine. Elle en mit de part sa fille contre mon sentiment, laquelle d’abord entendit très-bien la raillerie ; et je me souviens même qu’elle prenoit plaisir à me faire répéter la comédie de la Suissesse : c’est ainsi qu’elle appeloit la Reine. Il arriva un soir qu’y ayant beaucoup de monde chez elle, la plupart des gens se prirent rire ; et je ne sais à la vérité pourquoi je ne fis pas comme les autres. Mademoiselle de Chevreuse, qui étoit la personne du monde la plus capricieuse, le remarqua, et elle me dit qu’elle ne s’en étonnoit pas, après ce qu’elle avoit remarqué depuis quelque temps ; et ce qu’elle avoit remarqué, s’imaginoit-elle, étoit que