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ment mais ambiguës ? Au lieu de se servir de cet instant, en achevant d’engager tout-à-fait le parlement, ils lui font de ces sortes de peurs qui ne manquent jamais de dégoûter dans les commencemens et d’effaroucher dans les suites les compagnies ; et ils lui laissent de ces sortes de libertés qui les accoutument d’abord à la résistance, et qui la produisent infailliblement à la fin. Je m’explique : aussitôt que l’on eut la nouvelle de l’approche de M. le prince, il y eut des placards affichés, et une grande émeute sur le Pont-Neuf. Il n’y eut point de part, il n’y en put même avoir car il n’étoit point encore arrivé à Paris lorsqu’elle arriva ; ce qui fut le 2 de mars 1652. Il est vrai qu’elle fut commandée par Monsieur, comme je vous l’ai dit dans un autre lieu.

Le 15 d’avril, le bureau des entrées de la porte Saint-Antoine fut rompu et pillé par la populace ; et M. de Cumont, conseiller du parlement, qui s’y trouva par hasard, l’étant venu dire à Monsieur dans le cabinet des livres, où j’étois, eut pour réponse ces propres paroles : « J’en suis fâché ; mais il n’est pas mauvais que le peuple s’éveille de temps en temps. Il n’y a personne de tué ; le reste n’est pas grand’chose. »

Le 30 du même mois, le prevôt des marchands et d’autres officiers de la ville, qui revenoient de chez Monsieur, faillirent à être massacrés au bas de la rue de Tournon ; et ils se plaignirent dès le lendemain, dans les chambres assemblées, qu’ils n’avoient reçu aucun secours quoiqu’ils l’eussent fait demander et au Luxembourg et à l’hôtel de Condé.

Le 10 de mai, le procureur du Roi de la ville et