Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les occasions dont je viens de parler, que le plus de voix qu’ils y avoient eu leur suffisoit : comme il leur auroit effectivement suffi, s’il ne s’étoit agi que d’un procès. Ils ne connurent pas d’assez bonne heure la différence qu’il y a entre la liberté et la licence dés suffrages. Ils ne purent se persuader qu’un discourus haut sentencieux et décisif, fait à propos et dans des momens qui se trouvent quelquefois décisifs par eux-mêmes, eût pu faire et produire cette distinction, sans la moindre ombre de violence : et ainsi ils laissèrent toujours dans Paris un certain air de parti contraire, qui ne manque jamais de s’épaissir quand il est agité par les vents qu’y jette l’autorité royale. S’il eut plu Monsieur et à M. le prince de faire sortir de Paris, même avec civilité, le moindre de ceux qui leur manquèrent au respect dans ces rencontres, les compagnies même dont ils étoient membres y eussent donné leurs suffrages. Le président Amelot fut désavoué publiquement par la cour des aides de ce qu’il avoit dit à M. le prince. Elle eût opiné à son éloignement, si M. le prince eût voulu ; elle l’en auroit remercié le jour même, et le lendemain elle auroit tremblé. Le secret, dans les grands inconvéniens, est d’y retenir les gens dans l’obéissance par des frayeurs qui ne leur soient causées que par les choses dont ils aient été eux-mêmes les instrumens. Ces peurs sont, pour l’ordinaire, les plus efficaces, et toujours les moins odieuses. Vous verrez ce que la conduite contraire produisit. Mais ce qui aida fort à produire la conduite contraire fut la démangeaison de négociation : c’est ainsi que le vieux Saint-Germain l’appeloit, qui, à proprement parler ; étoit