Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/93

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de bonne foi dans ce parti. Je vous expliquerai ce détail après que je vous aurai rendu compte du mouvement des armées de l’un et de l’autre parti, et de celui que je fus obligé de me donner, contre mon inclination et contre ma résolution, dans ces conjonctures.

Le Roi, dont le dessein avoit toujours été de s’approcher de Paris, comme il me semble que je vous l’ai déjà dit, partit de Gien aussitôt après le combat de Bleneau ; et il prit son chemin par Auxerre et par Melun jusqu’à Corbeil pendant que messieurs de Turenne et d’Hocquincourt, qui s’avancèrent avec l’armée jusqu’à Moret, couvroient sa marche, et que messieurs de Beaufort et de Nemours, qui avoient été obligés de quitter Montargis faute de fourrages, s’étoient allés camper à Etampes. Leurs Majestés étoient passées jusqu’à Saint-Germain ; M. de Turenne se posta à Palaiseau : ce qui obligea messieurs les princes de mettre garnison dans Saint-Cloud, au port de Neuilly et à Charenton. Vous voyez aisément que tous ces mouvemens de troupes ne se faisoient pas sans beaucoup de désordre et de pillage ; et ce pillage, qui étoit trouvé tout aussi mauvais au parlement que celui des tireurs de laine sur le Pont-Neuf, donnoit tous les jours quelque scène qui n’auroit pas été indigne du Catholicon[1]. Celle dans laquelle je jouois mon personnage au Luxembourg n’étoit pas assurément de la même nature. J’y allois tous les jours réglément, et parce que Monsieur le vouloit ainsi, pour faire

  1. Du Catholicon : L’un des titres des premières éditions de la Satire Ménippée étoit : De la vertu du Catholicon d’Espagne. On appeloit catholicon l’argent que cette puissance faisoit passer aux ligueurs.