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[1652] MÉMOIRES

aussi forts mutins, et si irrités qu’ils disoient aux députés, quand ils passoient à la chaîne où ils étoient de garde : « Allez ; et si vous ne faites ce qu’il faut, nous vous tuerons au retour : » entendant parler de l’union avec les princes, laquelle étoit désirée de tout le peuple aveuglément, comme le salut infaillible. La Grève étoit aussi remplie de populace animée par des séditieux payés exprès pour cela ; à quoi on dit qu’on avoit employé quatre mille deux cents livres. Il y avoit entre autres des bateliers et gagne-deniers, dont ce quartier-là est rempli. Mais outre cela il y avoit nombre de soldats ; on les fait monter jusques à huit cents, dont plusieurs étoient travestis ; et un seul fripier dit avoir loué deux cents paires d’habits pour cet effet. Quelques chefs même s’y rencontrèrent ; car un capitaine du régiment de Bourgogne y fut tué, lequel on enterra le lendemain à Saint-Sulpice.

Les députés étant presque tous arrivés, M. d’Orléans envoya dire qu’il se trouveroit en l’assemblée avec M. le prince : on les attendit jusque vers les six heures. Cependant les députés s’entretenoient en divers cantons des affaires présentes, et du sujet de l’assemblée. Il fut remarqué que la plupart étoient de sentimens favorables aux princes, et tenoient même des discours fort désavantageux pour la cour : ce qui doit être considéré à cause de ce qui arriva ensuite. Les princes étant arrivés, remercièrent la ville du passage qui avoit été donné le mardi à leurs troupes, lesquelles ils étoient prêts d’employer aussi pour ses intérêts, où ils avoient toujours pris autant de part qu’aux leurs propres. Il étoit arrivé auparavant un trompette avec une lettre de cachet du Roi, portant