Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
DE CONRART. [1652]

jusques aux chevaux et aux ânes. Il jugea que c’étoit une marque de faction, et qu’il y auroit du péril à s’engager dans l’hôtel-de-ville ; néanmoins il s’avança jusque près de la porte, observant toujours ce qui se passoit, et ne put se résoudre d’y entrer : mais étant retourné sur ses pas assez loin, il reprit encore une fois le chemin de la Grève, et monta jusque sur le pas de la porte de l’hôtel-de-ville ; mais se sentant pressé par un instinct secret de ne pas passer outre, il ne put forcer cette résistance, et s’en retourna chez lui. Lallemand et Du Pilles entrèrent. J’ai déjà dit comme le premier se sauva avec le prévôt des marchands[1] ; pour le second, ayant reconnu qu’il y avoit un mot entre quelques personnes qui sembloient destinées à faire agir les autres, il fit tant qu’il sut que ce mot étoit Roger. De sorte que partout où il rencontroit de ces gens là, il prononcoit Roger, et on le laissoit passer ; et ainsi il regagna adroitement son logis.

De Bourges, secrétaire du Roi et homme résolu, trouva des soldats du régiment de Valois qui lui offrirent de le sauver moyennant cent écus qu’il leur promit et qu’il leur donna, moyennant quoi ils le ramenèrent chez lui. Le lendemain, le duc d’Orléans l’ayant envoyé quérir, lui demanda s’il n’avoit pas été à l’hôtel-de-ville le jeudi, et comment il s’en étoit tiré. Il lui répondit que c’étoit par le moyen de ses gens. « De mes gens ? dit M. d’Orléans ; je ne pense pas qu’il y en eût, et ne veux pas qu’ils se mêlent de ces choses-là. — Monsieur, dit de Bourges, ce sont pourtant des soldats du régiment de Valois qui m’ont empêché d’être tué comme mes concitoyens

  1. Voyez plus haut, page 123.