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DE CONRART. [1652]

Priezac, selon sa coutume ; mais parce que le haut du degré pour y entrer est un peu obscur et malaisé, il jugea qu’il valoit mieux que cette séance se tînt en son appartement : ce qui fut plus convenable pour Sa Majesté et plus glorieux pour l’Académie.

Quand on commença à lire le cahier du dictionnaire, monseigneur le chancelier dit à la reine de Suède qu’on alloit lire le mot de jeu, lequel ne déplairoit pas à Sa Majesté, et que sans doute le mot de mélancolie lui auroit été moins agréable. À quoi elle ne répondit rien.

Dans la suite de cette lecture, cette façon de parler s’étant rencontrée : Ce sont des jeux de princes, qui ne plaisent qu’à ceux qui les font, la reine de Suède rougit, et parut émue ; mais voyant qu’on avoit les yeux sur elle, elle s’efforça de rire, mais d’une manière qui faisoit connoître que c’étoit plutôt un ris de dépit que de joie.



DUEL DU MARQUIS DE SÉVIGNÉ[1].


Le chevalier d’Albret[2], cadet de Miossens, étant amoureux de la femme de Galland, fils de l’avocat célèbre de ce nom, qu’on appeloit madame de Gondran, sut que le marquis de Sévigné de Bretagne,

  1. Manuscrit de Conrart, tome 10 page 129. Ce récit du duel du marquis de Sévigné a déjà été publié par nous dans notre édition des Lettres de madame de Sévigné, t. i, p. 57.
  2. D’Albret : François Amanieu, seigneur d’Ambleville, chevalier d’Albret, frère du maréchal de ce nom. Le chevalier d’Albret fut lui-même tué en duel en 1672.