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DE CONRART.

lui rendroient tout le reste : ce qui fut exécuté.

On disoit par la ville qu’il laissoit huit cent mille livres de rente ; mais ceux qui avoient connoissance de ses affaires assuroient qu’il n’en avoit pas deux cent mille. Son bien en fonds n’étoit pas fort grand, mais il avoit beaucoup de vaisselle d’argent, de pierreries, de curiosités de cabinet, de meubles précieux, et même quantité d’argent monnoyé ou de contrats de constitution ; outre que sa mère[1], veuve de Bouthillier, surintendant des finances, dont il étoit fils unique, avoit de très-grands biens dont elle s’étoit réservé la jouissance ; et Ville-Savin et sa femme aussi, qui n’avoient d’enfant que la femme de Chavigny.

Sa déclaration pour le parti des princes avoit étonné toutes les personnes de bon sens, vu que devant toute sa fortune, qui étoit si grande pour sa condition, au feu Roi et au cardinal de Richelieu, c’étoit user d’une extrême ingratitude que de contribuer comme il faisoit à la ruine de la France, que l’un et l’autre avoient mise en la plus grande splendeur où elle ait jamais été. Et pour ce qui regardoit ses intérêts, on trouvoit qu’il avoit eu beaucoup d’imprudence d’exposer tout ce qu’il avoit à perdre à faire subsister un parti rebelle ; mais la passion l’avoit emporté sur le devoir et sur l’intérêt, et même sur la piété, dont il faisoit une profession étroite, jurant et protestant à tous ses amis qu’il ne se déclaroit contre le cardinal que parce qu’il gouvernoit mal, et à dessein de procurer la paix au dedans et au dehors. On tenoit qu’ayant reconnu qu’il avoit mal pris ses mesures, il cherchoit une voie pour

  1. Sa mère : Marie de Bragelongne.