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SUR LE PÈRE BERTHOD.

qui on laisse la clef de leur chambre, se mit dans l’esprit de faire une assemblée au Palais-Royal des véritables serviteurs du Roi… Elle fut composée de quatre ou cinq cents bourgeois, dont il n’y en avoit pas soixante qui eussent des manteaux noirs. Prévôt dit qu’il avoit reçu une lettre de cachet du Roi, qui lui commandoit de faire main-basse sur tous ceux qui auroient de la paille au chapeau, et qui n’y mettroient pas du papier. Il lut effectivement cette lettre : et voilà le commencement de la plus ridicule levée de boucliers qui se soit faite depuis la procession de la Ligue[1]. » Le cardinal, en homme habile, se moque du personnage principal, pour envelopper tout le parti dans la même dérision ; mais il n’a garde d’avouer les démarches qu’il avoit inutilement faites pour se placer à la tête du mouvement royaliste, et de faire connoître le refus humiliant qu’il avoit éprouvé de la bourgeoisie. Quoi qu’il en soit, le génie du cardinal de Retz et son talent comme écrivain ont tellement subjugué certains esprits, qu’ils semblent avoir oublié que le factieux prélat a été plutôt l’apologiste que l’historien de la Fronde, et qu’il s’étoit mis dans la nécessité, pour atténuer l’audace de sa conduite, d’exalter la révolte aux dépens de la fidélité. Aussi le plus souvent les efforts tentés par les Parisiens pour se soustraire à la

  1. Mémoires du cardinal de Retz, tome 46, page 184, de cette série. On pourroit citer ici un passage des Mémoires de Joly, qui est tout-à-fait dans le même esprit. (Voyez le tome précédent, page 240. Mais il ne faut pas oublier que Joly, placé dans la dépendance du cardinal, étoit au moins aussi factieux que son maître, et qu’il étoit de son intérêt de présenter les événemens dans le sens le plus favorable aux frondeurs.