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[1652] MÉMOIRES

Le père Berthod, bien aise de ce refus, passe aux autres deux brigantins, auxquels il demanda la même chose, avec résolution de passer de l’autre côté de la rivière s’ils le prenoient au mot ; car par là il évitoit d’être arrêté par les Bordelais, qui n’eussent pas fait aborder la chaloupe de l’un de leurs brigantins. Il est vrai qu’il se trouvoit éloigné de deux ou trois quarts de lieue de l’endroit où son batelier le devoit attendre, et la rivière entre deux ; mais, moyennant de l’argent, il l’eût repassée au-dessous de l’armée navale, vis-à-vis de son rendez-vous. Ces deux brigantins lui firent la même réponse que le premier.

Voilà donc le père Berthod et son hôte arrivés au rendez-vous donné au batelier, qu’ils n’y trouvèrent pas ; et cela les pensa perdre, parce qu’ils étoient à la merci des paysans, qui étoient si méchans qu’ils tuoient ceux du parti du Roi, des princes, les Bordelais, les Irlandais, et tout ce qu’ils trouvoient à leur avantage. Ils demeurèrent plus de trois heures à attendre leur chaloupe, qui n’arriva qu’au soleil couchant, parce que le batelier avoit été arrêté sur le port de Bordeaux, pour passer les troupes d’Aubeterre qui sortoient de la ville, et se retiroient dans leurs quartiers. Le père avec cette chaloupe arriva la nuit dans l’armée navale du Roi, et le lendemain à Blaye, où il fut admirablement caressé de M. de Vendôme, de M. de Saint-Simon, et des officiers généraux.

Le père Berthod, qui savoit que le bruit qu’on avoit fait pour le prendre, et l’injustice qu’on avoit commise en la personne du père Ithier, n’avoit point refroidi la bonne volonté des bien intentionnés, écrivit diverses lettres à quantité d’habitans, qu’il leur faisoit