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[1652] MÉMOIRES

gny et Goulas partirent d’ici samedi 27 avril, à une heure après midi, pour y aller. Ils y arrivèrent avant le Roi[1], et n’eurent audience que le dimanche. La Reine étoit présente, et M. de Chavigny parla succinctement, et fort bien. M. le cardinal Mazarin survint, et dès qu’il parut ces messieurs cessèrent de parler. Le Roi leur commanda de continuer ; ils dirent qu’ils avoient ordre exprès de M. d’Orléans et de M. le prince de ne parler qu’à Sa Majesté. Ayant reçu un second commandement, ils insistèrent encore, et alléguèrent les raisons pour lesquelles ils ne pouvoient parler devant M. le cardinal. Sur cela le Roi se leva, et leur dit de fort bonne grâce : « Vous ne refuserez pas de me suivre. » Et en disant cela il entra dans un cabinet, où ils entrèrent aussi, et M. le cardinal avec eux. Le Roi leur dit alors qu’il alloit à vêpres, et qu’il vouloit que pendant qu’il y seroit ils conférassent avec M. le cardinal ; sur quoi ils protestèrent qu’ils ne le feroient que pour obéir au commandement absolu de Sa Majesté. Étant demeurés tous quatre dans ce cabinet, sans qu’il y eût autres personnes, M. le cardinal leur fit un abrégé de tout ce qui s’étoit passé depuis la régence, avec tant de suffisance et de considérations solides et judicieuses, que ces trois messieurs avouent qu’il étoit impossible de mieux parler. Ils furent enfermés trois ou quatre heures ; et le résultat du discours de M. le cardinal fut que le Roi et la Reine ayant besoin d’un ministre pour la conduite des affaires, et lui voulant faire l’honneur de se servir de lui, il obéiroit

  1. Avant le Roi : La cour revenoit de Gien, d’où elle etoit partie le 18 avril 1652, après le combat de Bleneau. (Voyez les Mémoires de Montglat ; tome 50, page 337, de cette série.)