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des dènè peaux-de-lièvre

comme si l’eau jaillissait de toutes parts. Les hommes s’empressèrent de se sauver sur les arbres ; mais l’eau monta, monta, les atteignit et les noya. Tous les hommes moururent.

Quant au Sensé, possesseur d’un bon et grand radeau dont toutes les pièces étaient unies et liées avec des cordages, il flottait sur les eaux et ne périt pas. Tout en flottant, il pensa à l’avenir et recueillit deux par deux de tous les animaux herbivores, de tous les oiseaux et même de tous les carnassiers qu’il rencontra en route.

— Placez-vous sur mon radeau, leur dit-il, car bientôt il n’y aura plus de terre.

De fait, la terre disparut pour un temps bien long et personne ne se sentait d’aller la chercher, personne, dit-on. Le rat musqué plongea le premier et essaya d’atteindre la terre. Hélas ! il revint à demi mort à la surface de la mer, et sans l’avoir touchée.

— Il n’y a pas de terre ! dit-il.

Une seconde fois il plongea, et cette fois-ci, en remontant, il dit à Kuñyan :

— J’ai senti l’odeur de la terre, mais je n’ai pu l’atteindre.

Après le rat musqué, le castor plongea à son tour. Il demeura longtemps sous l’eau sans reparaître. À la fin, on le vit remonter sur le dos, à bout de souffle, sans connaissance ; mais dans sa