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des dènè peaux-de-lièvre

Ainsi se passèrent l’été et l’automne. Sur ces entrefaites, le rude hiver arriva et les trouva au même lieu, prenant et mangeant des oiseaux au moyen de la glu, ce qui les empêchait de mourir.

Quand le printemps revint pour la seconde fois, elles trouvèrent encore des œufs et vécurent de leur chasse.

Tout à coup, elles entendirent un bruit d’aviron, un clapotement sur l’eau. Quelqu’un arrivait en canot.

— Où peuvent être les ossements de mes deux épouses ? disait une voix d’homme.

Les deux abandonnées se cachèrent pour épier les manœuvres de leur mari. Une d’entre elles s’écria :

Sé ha, je désire te parler ; viens vers moi en canot, dit-elle.

Mais lui demeura muet d’étonnement et plein d’incrédulité.

Alors sa femme se prit à chanter :

Kfwè ékkè-réssè, kfwè ékkè-rékρon ! (J’ai fendu les rochers, j’ai embrasé la pierre !)

Mais le mari fut saisi d’épouvante ; au lieu d’aborder, il se sauva sur l’eau. Il fit le tour de l’île, et alla accoster de l’autre côté, afin d’épier les deux femmes, se demandant si ce n’était pas des fantômes qu’il voyait.