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des déné peaux-de-lièvre

Ses fils l’ignoraient. La nuit arrivée, la vieille suspendit le sac dans un arbre et l’on se coucha. Or, ses fils l’entendirent rire et se jouer dans les ténèbres comme l’aurait fait une femme avec son mari.

Cependant le chasseur, fils aîné de la vieille femme, s’en alla quérir l’orignal qu’il avait tué ; puis, étant de retour, il alluma un grand feu pour festiner, et découpa de la viande.

La chaleur extrême qui en résulta incommoda si fort la loutre, qui était suspendue dans l’arbre, qu’elle commença à s’agiter dans la sacoche de peau, où elle était engourdie par le froid parmi les franges magiques. Elle se ranima même si bien qu’elle donna l’alarme au jeune chasseur, qui la prit et la jeta au feu, elle, la sacoche et les franges de porc-épic. Celles-ci crépitèrent en tombant dans les flammes et firent : « Tra ! tra ! tra ! » C’est pourquoi le feu pétille, depuis ce temps-là, dit-on.

La loutre, Ettsun, fut donc jetée au feu, où elle s’y brûla et mourut.

Quand la vieille mère arriva pour visiter son sac et qu’elle trouva tout brûlé, elle s’irrita ; car cette loutre était son mari, et ses trois fils l’ignoraient. Elle saisit donc un rondin, en frappa ses enfants et les pourchassa loin d’elle.

Ceux-ci avaient si grand’peur de la vieille sor-