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des dènè peaux-de-lièvre

Il cacha soigneusement sa chevelure, car les gens du Corbeau qui court se rasaient la tête.

On partait donc pour combattre les ennemis ; on s’en allait à leur rencontre, lorsqu’il tua les guerriers durant leur sommeil ; il les perça de flèches invisibles, il les brisa tous, endormis ; il détruisit tout le monde. Cependant il n’avait pas combattu, mais il avait fait le maléfice appelé Ekhé-tayétlin ou l’Enfant lié. Il avait percé une petite chienne blanche, il lui avait fendu le nez, avait délayé sa fiente dans son sang ; de ce sang, il avait frotté la tente, puis il s’était couché tranquillement.

Eh bien ! durant cette même nuit, et toute la nuit, le sang coula à flots dans chaque demeure. On n’entendait retentir que ces paroles lugubres :

— Il y a du sang dans la maison !… Voilà que son sang coule !… Hélas ! mon fils perd tout son sang !…

Voilà ce que l’on entendait de partout. C’était donc vraiment terrible et inconcevable.

Le Corbeau qui court, lui, réfléchissait en silence. Il ne prononça que ces paroles d’un ton lugubre :

— On a blasphémé la grande Montagne ! Il a mangé notre fétiche, l’animal-dieu !

Le chef pressa donc le cœur du petit magicien