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des dènè peaux-de-lièvre

On l’appelle maintenant Sa-wéta ou l’Habitant de la Lune, Ettsonnè ou le Génie de la Mort ; mais on lui donne aussi les noms de Ebœ-Ekon ou Ventre-Bouclier, parce qu’il combat pour nous, et, par la mort de nos ennemis, nous procure ces caribous dont nous nous nourrissons[1] ; Klodatsôlè ou Souris au museau pointu, musaraigne, souris des sables, taupe. Enfin, on l’appelle Edzée ou le Cœur de la nature, à cause de la grande bonté qu’il eut pour nous.

C’est pourquoi, presque à la fonte des neiges, à l’équinoxe du printemps, quand le soleil se retourne sur sa couche, au mois du rut des rennes (mars-avril), on célèbre la fête de Sa-wéta appelée le Passage funèbre à travers les tentes au son de la crécelle.

À cette fin, on fait cuire, dans la terre, de la viande à l’étuvée dans des marmites en fibres tressées, puis on en remplit des gibecières que les jeunes gens chargent sur leur dos ; on se munit

  1. Le mythe osirique nous donne l’explication du nom singulier de Ventre-Bouclier (Ebœr-Ekon) que les Dènè appliquent au dieu lunaire. D’après Corneille de Lapierre, c’était un nom que les Égyptiens donnaient à Osiréi-Hapi, « parce que, disaient-ils, son ventre est son bouclier ».

    Bien que cette explication n’en soit pas une, elle suffit pour nous donner ici la clef de l’énigme. D’ailleurs, à Memphis, Osiréi-Hapi n’était autre que la Lune, que plusieurs peuples comparèrent à un bouclier.