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des dènè peaux-de-lièvre

— Donne-moi mon arc et mes flèches, afin que j’aille le tuer, répondit l’aveugle.

Elle lui donna ses flèches, accompagna son mari jusqu’au lieu où paissait l’orignal ; ils s’embusquèrent, et elle banda l’arc dans la direction où était l’animal. L’aveugle tira, perça l’orignal d’une flèche et le tua.

— Ai-je touché la bête ? demanda-t-il.

— Non, tu ne l’as pas tuée, répondit la femme.

— Hélas ! hélas ! reprit-il tout triste, c’est que je suis bien vieux et que je n’y vois plus.

Cependant, l’orignal n’était pas mort sur le coup ; blessé mortellement, il gémissait et se débattait.

— Quel est donc cet animal que j’entends plaindre ? demanda l’aveugle à sa femme.

Sans lui répondre, elle s’en alla sur la piste de la bête, la trouva abattue au bord de l’eau ; elle l’acheva, la dépeça et jeta sa couverture sur la viande pour la cacher. Puis elle revint avec un des flancs, qu’elle fit rôtir à l’insu du vieillard.

Mais lui :

— Quel est ce bruit que j’entends ? demanda-t-il. C’est comme de la viande qui geigne en rôtissant. Où as-tu pris cette viande ? Je sens l’odeur du rôti ; qu’est-ce donc que tu fais rôtir ?