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des dènè peaux-de-lièvre


VI

INTTSÈ GOFWEN

(le tabou de l’orignal)


Une femme qui demeurait avec son mari ne mangeait jamais de gras d’orignal ; car dans l’ancien temps, les femmes ne mangeaient pas même la viande de l’orignal. Elle était réservée aux hommes ; et maintenant encore, elles n’en mangent jamais la tête.

Son mari, s’imaginant qu’elle mentait, mêla, pour s’en assurer, du gras d’orignal à un pémican qu’il lui servit, en lui disant :

— Il n’y a pas de graisse d’orignal là-dedans.

C’est pourquoi la femme mangea sans défiance. Puis le mari partit pour la chasse, laissant sa femme dans la loge qu’elle gardait. Mais quand il revint, elle n’y était plus. Elle avait disparu.

Le chasseur s’en alla donc à sa recherche et n’aperçut qu’une piste d’orignal qu’il suivit patiemment jusqu’à une petite rivière tortueuse, au bord de laquelle il s’embusqua, après avoir envoyé sa petite chienne sur les brisées de l’animal ; car, dans l’ancien temps, nous chassions avec des chiens.