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des dènè peaux-de-lièvre

que nous mangeons étaient des hommes, mais des hommes qui n’avaient pas d’esprit et qui ne pouvaient tuer un seul animal.

C’est pourquoi ils intervertirent les rôles, les hommes devinrent animaux et les animaux furent métamorphosés en hommes.

C’est ce qui explique pourquoi nous dormons avec ces animaux purs, et que l’on mange comme s’ils étaient des créatures humaines ; mais on ne doit pas manger la chair de ceux avec lesquels on dort. Il y a un tabou inviolable à leur égard.

Ceux de nos ennemis que nous nommons les fantômes, les fous et les femmes publiques[1], étaient primitivement des chiens, qui furent ultérieurement métamorphosés en hommes.

C’est pourquoi nous faisons souffrir les chiens et nous le rendons l’esclave de l’homme ; mais on ne le tue pas : c’est un crime de tuer un chien, parce que ce sont nos anciens ennemis, et par conséquent des créatures humaines[2]. Aussi dort-on avec les chiens comme avec des hommes.

Parfois des hommes meurent pour renaître presque aussitôt différemment, sans s’en aller au

  1. La nation Kollouche, de toutes tribus.
  2. C’était aussi l’antique persuasion des mages de Médie, auxquels l’histoire reproche également de graves incestes. (L. Ménard.) Notez que les Peaux-de-lièvre actuels sont bien éloignés de se livrer à celles que contiennent leurs traditions.