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légendes et traditions

seux ! s’écria-t-il en français, quand il nous vit assis et fumant.

— Paresseux ! répliqua Desmarets. On ne l’est pas, M’sieu, quanqu’on prend haleine un petit brin, et qu’on l’a que du hareng z’à manger. Ça ne donne pas de force, ça, le hareng, allez.

— Silence ! et à l’ouvrage !… s’écria Mackenzie avec colère, car si tu ne te tais…

Il n’acheva pas, mais il porta la main au grand couteau qui traînait à son côté.

— Ah ! coquin d’Anglais ! tu me menaces ? s’écria Desmarets. Penses-tu que tu vas nous traiter comme des esclaves, parce que nous sommes à ta solde ? Tu manges comme un c… quatre fois par jour, tandis que nous faisons les dents longues sur ton hareng. Laisse donc ton sabre tranquille ou bien je prendrai ma hache…

Mais avant que le Français eût fini de parler, Mackenzie avait dégainé et l’avait frappé à la cuisse d’un coup d’épée.

Le sang jaillit de la blessure à gros bouillons, et Desmarets tomba à terre en criant :

— Ah ! coquin d’Anglais, tu m’as tué !

Il avait à la cuisse une blessure large comme la main. À cette vue, je fus saisi de colère ; quoique sauvage, j’aimais les Français parce que mon grand-père était Français. Si Mackenzie eût