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légendes

grand, il s’absentait chaque soir et ne reparaissait plus que le lendemain matin. Dans les commencements, la vieille s’inquiétait beaucoup de ces absences ; puis elle finit par s’y habituer. On ne savait où il allait ; mais lui, par la vertu de sa magie, se métamorphosait en renne ; puis, s’en allant parmi ces animaux, il les attirait à lui, leur touchait le museau de sa baguette (car c’est au moyen d’une verge qu’il opérait ces prodiges), et aussitôt les rennes tombaient inanimés.

Après cela il rentrait au camp, la ceinture pleine de langues de rennes qu’il y avait suspendues comme un trophée de sa chasse magique. C’est pourquoi la vieille, ainsi que ses autres parents d’adoption, vivaient dans l’abondance ; et l’enfant acquit une grande renommée par ses exploits cynégétiques.

Un jour cependant, Bè-tsuné-Yénelchian dit à sa grand’mère :

— Mère, dites ceci à mes frères : Si vous voulez me donner en tribut le bout de toutes les langues de renne (Ethula) que vous tuerez, je vous promets de ne vous laisser jamais manquer de viande. Je vous procurerai des rennes en abondance, et je demeurerai longtemps parmi vous.

La vieille rapporta aux Dènè les paroles de l’Enfant-Puissant, et les hommes consentirent à